Cela faisait plusieurs jours que la petite embarcation fragile voguait sur la mer de South Blue. Depuis plusieurs jours, le même soleil écrasant dardait ses rayons meurtriers sur le pont, transformant le bois en véritable plancha géante. Pour Carline, c'était un moment assez difficile à passer. La jeune fille détestait la chaleur. Pour la simple raison qu'elle était facilement sujette aux pertes de connaissance et aux coups de soleil. Alors pour trouver un minimum de fraîcheur dans cet enfer, elle passait tout son temps dans le coin cuisine de la cabine, la tête collée au carrelage de la crédence, entre le frigo et le four. Et elle sirotait des tas de cocktails remplit de glaçons, dans l'espoir fou de faire baisser la température.

Mais le plus désagréable était le manque de nourriture. Dans leur précipitation à échapper à petit vieux furieux lors de la dernière escale, les deux compagnons n'avaient pas songé une seule seconde à remplir les provisions. Et celles que Carline possédait avant sa rencontre avec Ryo étaient prévues pour alimenter une seule personne. Alors ils étaient forcés de se rationner. Pour une gourmande telle que Carline, c'était vraiment très difficile...Et cela n'arrangeait en rien son état. En plus, elle avait des envies de fromage ces derniers temps...

Autant dire que Carline désespérait de voir apparaître une île dans son champ de vision. N'ayant vraiment aucune notion de navigation, elle n'avait pas d'autre choix que de se laisser guider par le courant. Toute les deux minutes, elle jetait des coups d’œils angoissés par la petite lucarne, dans l'espoir de voir apparaître un morceau de terre émergente.

Cependant, ses prières muettes finirent par être entendues. Un beau jour, alors que la petite blonde tentait de se fabriquer un éventail avec une serviette en papier, elle jeta un énième coup d’œil à travers la vitre. Par automatisme, elle détourna le regard et soupira, encore déçue. Puis elle abandonna soudainement son activité pour se ruer vers la fenêtre en bousculant tout sur son passage. Les mains tremblantes d'espoir, elle s'accrocha à la lucarne.

-C'est pas vrai ! C'est...C'est une île ! OUAIS !!!

Oubliant la chaleur, et se mit à sauter sur place comme une enfant, poussant des petits cris aigus de joie. Dans la précipitation, elle agitait les mains comme pour faire du vent avec. Encourant, elle rejoignit le pont, où se trouvait Ryo.

-Riri ! On va enfin pouvoir bouffer !!!

Transportée par la joie, elle continua à s'agiter en tous sens, comme si on l'avait piquée. A présent, elle était partie dans son délire, et ne serait pas facile à s'arrêter.

Mais finalement, elle finit quand même par se calmer un peu. Car un problème de taille se posait à eux. En effet, un petit détail clochait. Pourquoi y avait il des tas de petits bateaux rouges qui tournaient autour de leur navire ? Sur la coque de chacun d'eux, le mot « Sécurité » se détachait en lettre majuscules noires. Sur la plus proche des embarcations, un type en uniforme noir et coiffé d'une sorte de képi les observait d'un œil mauvais. Il porta à sa bouche le micro d'un escargophone haut-parleur.

-Que faites vous ici ? C'est une zone privée ! Nous vous prions de faire demi tour !

Carline, que l'attitude présomptueuse du gardien mettait mal à l'aise commençait à avoir des doutes. Dans quel genre d'endroit étaient ils tombés ?

Ryo se détendait tranquillement sur le pont du navire, il profitait de la brise qu'il y soufflait et qui était très agréable. Kuro en faisait de même, les deux idiots se détendaient calmement et ce calme fut briser par l'arrivée d'une furie, cette furie sous le nom de Carline.

-Riri ! On va enfin pouvoir bouffer !!!

Le brun releva sa tête avec une belle coiffure d'une personne qui venait de se réveillée. Là, il était pas choqué ou surpris par sa réaction de surexcitée, il était étonné et choqué du surnom qu'elle venait de lui donné «Riri», ça sonnait quelque peu ridicule à ses oreilles et il entendait déjà Kuro qui ricanait dans son coin en se moquant de lui. Puis, ils remarquèrent des bateaux rouges, peu discrets, qui les surveillaient de près, l'un d'entre eux était bien à leur niveau et il les interpella à l'aide d'un escargophone.

-Que faites vous ici ? C'est une zone privée ! Nous vous prions de faire demi tour !

Ryo le regardait et ne le quittait pas des yeux, bien qu'il ait du mal à les voir avec son képi sur la tête, il n'aimait pas ce regard méprisant, il haïssait ça même...ce regard pourtant il l'avait subi et il avait vécu avec mais jamais il ne l'avait utilisé. Ryo jetta un oeil vers Carline, il savait à peu près où ils étaient tombés.

«Heu...Capitaine, je crois que l'on est dans les alentours de Golden Island.»

Son chaton le regarda bizarrement, il était étonné que Ryo en sache autant sur le lieu où ils étaient.

«Hé, Riri comment t'en sais autant sur cet endroit, on à même pas accosté, l'île est à peine visible convenablement et toi tu balance son nom comme ça!»

Ryo se mit à sourire un petit coup, pour une fois qu'il savait quelque chose de plus que Kuro il voulait en profiter pour faire le fier. Cela dit, ça ne lui plaisait pas de savoir qu'ils étaient vraiment dans ce coin là.

«Quand j'étais gosse c'était notre lieux de vacance avec mes vieux. Cela dit je sais pas ce qu'il en est maintenant. Et ne m'appelle pas Riri!»

Le ventre de Ryo se mit à gargouiller incroyablement fort et il s'écroula par terre, en posant sa tête contre la rembarre du navire. Il détourna son regard de nouveau vers Carline avant de prendre de nouveau la parole.

«Bah, si tu veux vraiment y aller Carline j'ai un moyen qui risque pas forcément de fonctionner mais bon...on pourra toujours passé en force après, on est mis à prix après tout!»

Étonnamment, Ryo semblait en savoir plus que prévu sur la toute petite île au loin. Il avait même réussit à citer son nom. Étais-ce de la frime ? Probablement pas, car il ne semblait pas tellement d'humeur à la plaisanterie. Pourtant, à cette distance, l’île était semblable à toutes. Seul un détail permettait de faire la différence. Par moment, selon la houle calme qui faisait s'agiter le petite navire, l'île semblait miroiter ou briller, comme si on y avait entreposé des tas de miroirs.
Quoi qu'il en soit, le jeune révolutionnaire ne semblait pas ravi de sa découverte. Peut être était-ce l’île dont il était originaire ? Et peut être y avait il vécu de mauvais souvenir ? La réponse ne tarda pas à tomber, prononcé par le concerné en personne, bien avant que Carline ne pense à le lui demander. Elle fut surprise, car elle ignorait qu'un lieu de vacances pouvait traumatiser autant une personne. En même temps, elle n'était jamais partie en vacances, alors elle ne savait pas ce que c'était. Et puis, tout le monde n'était pas forcé d'aimer la bronzette sur la plage.

Cependant, ce n'était ni le lieu ni l'endroit pour se perdre dans les réflexions métaphysiques. Autour d'eux, les types sur les bateaux les fixaient d'un regard intense, comme les vigiles des grands magasin. Avaient ils des tête de voleurs ? Non ! Enfin quoi que...Deux jeunes crétins qui crèvent la dalle sur un bateau trop petit, ça peut paraître douteux...Les hommes en uniformes avait l'air d'être des sortes de gardes. Et ils ne semblaient pas appartenir à un organisme du gouvernement. Se pouvaient il qu'une île privée soit entourée d'une telle protection ? Si encore, il s'était agit de soldats de la Marine, rien n'aurait été surprenant...Mais ce n'était pas le cas. Alors pourquoi ? Y a avait il un quelconque trésor ou autre objet de grande importance à protéger ?

La tension dans l'air était palpable, et Carline avait le sentiment que quelque chose lui échappait. C'était un sentiment qu'elle détestait par dessus tous. Elle savait que le seul moyen de s'en débarrasser était de trancher, et de mettre les choses au clair. Elle qui n'était pas une grande oratrice décida de prendre le taureau par le corne et de poser la question que tous les révolutionnaires se posaient. En temps que Capitaine, c'était son devoir.

-Et alors ? C’est quoi le problème ? On a rien fait ! Vous pouvez pas nous empêcher d'entrer ! C'est dégueulasse ! On a besoin de se ravitailler ! Pensez-y, ça va contribuer à l'économie de l'île que vous chérissez tant !

Le garde coiffé d'un képi, qui semblait avoir un grade supérieur aux autres, se fendit d'un sourire narquois qui n'augurait rien de bon. Il sembla ricaner dans sa barbe un moment, tandis que ses subalternes restaient droits et immobiles dans son dos, comme attendant ses ordres. Puis il reprit la parole, sans se départir de son sourire.

-Vous êtes à Golden Island, comme l'a si bien deviné le petit crétin. Ce qui signifie que nous n'avons guère besoin de l'argent que pourrait nous procurer vos maigres achats. En revanche, si vous payez le droit d'entrée, qui s'élève à 5 000 000 de Berrys, nous vous laisserons passer sans problème. Mais...Vu l'état de votre bateau, je doute que ce soit en votre pouvoir...

Sous les yeux de Carline, qui tirait une tête de trois mètres de long, l'homme partit dans une série de ricanements moqueurs, suivit par la centaine d'autres gardes qui l'entourait. Son attitude dégoûtait profondément Carline. Comment pouvait on faire payer l'entrée d'une île ? Et surtout, pourquoi à un prix aussi élevé ? C'était juste scandaleux. La petite blonde avait l'impression de nager en plein cauchemar, tellement la scène lui semblait irréelle. C'était justement pour faire taire ce genre d'homme qu'elle avait voulut se lancer dans la révolution. A présent, il était temps d'agir vraiment. Puisqu'il se moquait d'elle, il n'y avait qu'une seule solution : utiliser la force. Il devait y avoir une centaine de gardes, et la jeune fille ignorait s'ils seraient de taille à lutter contre eux, mai son sang ne faisait qu'un tour dans ces veines, et la colère altérait son jugement. Tout ce qu'elle voulait, c'était voir la tête de ce sale arrogant exploser.

Carline leva la main en signe de protestation dans la direction de Ryo avant de se tourner vers lui.

-J'sais pas ce que tu voulait me proposer, mais moi j'veux leur régler leur compte. C'est bien le rôle des révo d'agir ainsi non ? Alors qu'est ce qu'on attend ?!

Puis elle fit face au gardien en chef et le fixa avec un air de défit, les poings sur les hanches.

-Ah ouais ? Tu veux jouer à ça ?!